L'origine du Canarval de Dunkerque
L’origine du Carnaval de Dunkerque remonte au XVIIIème siècle, lorsque les marins pêcheurs dunkerquois partaient pour six mois en Islande pour pêcher de la morue entre avril et septembre. La veille de leur départ, ils célébraient avec une partie de leur solde anticipée, une fête qui était leur dernier banquet avant le départ, car nombreux étaient ceux qui ne revenaient jamais chez eux. Ils portaient les vêtements de leurs femmes et des chapeaux fleuris, car leurs propres vêtements étaient déjà emballés. C’est ainsi qu’est née la « bande des pêcheurs » (appelée « visscherbende » en patois), et les hommes continuent encore aujourd’hui à s’habiller et à se déguiser en femmes lors des défilés. Initialement réservé aux marins, le carnaval s’est élargi aux différentes professions. À la fin du XIXème siècle, la pêche à la morue a décliné, tout comme le carnaval, mais la tradition a été relancée par la commune au début du XXème siècle. Malgré les deux guerres qui ont interrompu le carnaval, il est resté une tradition bien ancrée dans la vie des Dunkerquois, quelle que soit leur catégorie sociale ou leur âge.
Au commencement....
Un langage, des codes et quelques mots à retenir :
La base pour les touristes
Le Chahut : Bien que pour un étranger, cela puisse sembler être un chaos total, le Chahut n’est pas un pogo. Il existe une organisation implicite et des règles à respecter. Les premières lignes se serrent les coudes pour retenir l’arrière qui pousse, et il s’agit de pousser plutôt que de se jeter violemment sur les premières lignes.
Le Carnavaleux : Un Carnavaleux est une personne déguisée, le plus souvent en femme ou en être androgyne, qui participe au Carnaval. Pendant cette période, les barrières sociales n’existent plus, et il est impossible de savoir si « Bibite » est notaire ou si « Moumoule » est ouvrier. (*Noms fictifs)
La Bande et la Clique : La Bande est un défilé de Carnavaleux qui parcourent les rues derrière la Clique, un groupe de musiciens dirigé par un tambour-major.
La Chapelle : Une Chapelle est une maison de Carnavaleux où des amis sont invités à manger, à boire et à danser. Les pièces principales sont souvent vidées et décorées pour l’occasion. Il est rare que des étrangers à ce groupe d’amis aient accès à ces chapelles, car certaines personnes confondent l’hospitalité avec la liberté de faire n’importe quoi.
Le lancer des Klippers : Une tradition consiste à attraper des Klippers et un homard en plastique jeté du balcon de la mairie de Dunkerque lors du Dimanche des Trois Joyeuses. Les Klippers sont des harengs fumés conditionnés sous vide pour être consommés plus tard. Le choix du homard en plastique était pour faire rimer avec le nom de l’ancien maire de Dunkerque (Delebarre). Le homard en plastique est ensuite échangé contre un vrai homard. Le maire actuel Vergriete jette des frites pour continuer la tradition.
Pour les plus téméraires du vocabulaire du carnavaleux
Le bât’che est une tenue typique des Dunkerquois, qu’il s’agisse d’un maillot ou d’un pull de marin. Le bât’che rayé est particulièrement emblématique de la ville.
Lors du Carnaval de Dunkerque, il est courant d’entendre l’expression « Ben qu’est c’ça dit ? », qui est une manière locale de dire « Comment ça va ? ».
Les berguenaeres, ou berguenards, sont les parapluies utilisés par les Dunkerquois. Ils sont souvent arborés fièrement par les membres des associations carnavalesques, avec leurs couleurs distinctives. Les habitants de Bergues sont également appelés les « berguenards ».
Le terme « blozebuck » désigne une personne ayant bien mangé, littéralement « ventre bien rempli ». Par exemple, « Je suis sorti de chapelle en ayant un blozebuck ! »
Une « bonne amie » est une fiancée ou une petite amie. Par exemple, « Martine, c’est ta bonne amie ! »
Le « borel » est un célèbre bar situé dans la citadelle de Dunkerque. Par exemple, « On va chanter ce gai refrain de chez Zizine à chez Borel. »
« Boureleule » qualifie une personne un peu bête ou un paysan lent. Par exemple, « Il est un peu boureleule celui-là ! »
« Brisquer » signifie râler ou se plaindre. C’est un synonyme du verbe dunkerquois « darrer ». Par exemple, « Arrête de brisquer tout le temps ! »
Le « Brillant Belge » est un produit utilisé pour nettoyer les cuivres. Par exemple, « Y’a Jean Bart en haut de son zelt’che, astiqué au Brillant Belge ! »
Le « brouck » désigne un pantalon. Par exemple, « Je vais mettre mon brouck pour sortir ce soir. »
Le « buckenaere » désigne le nombril. Par exemple, « Il a une cicatrice sur le buckenaere. »
« Beste » est un mot d’origine anglophone qui signifie « meilleur ». C’est pourquoi on retrouve cette expression dans la célèbre chanson « Mets ton beste clet’che! »
Un « bèt’che » désigne un petit morceau.
La « beultekaze » est une spécialité culinaire du carnaval de Dunkerque. Il s’agit d’un pâté de tête à déguster dans une chapelle.
Un « beurt’che » est un petit tour avec une fille, une promenade ou un tour dans la bande. Par exemple, « Mets ton beste clet’che, on va faire un beurt’che. »
Le « bierbuck » désigne le ventre à bière.
Un « bloze » est un bleu, une bosse ou un ecchymose. Par exemple, « Il est tombé dans la bande et il s’est fait un bloze ».
Cakewalk : Il s’agit d’une danse populaire qui était très en vogue au début du XXème siècle. Les messieurs invitaient les dames à danser en leur proposant des phrases telles que « Mademoiselle, voulez-vous danser, le cakewalk, le cakewalk ».
Cale-Madame : L’expression « Cale-Madame » était utilisée pour désigner une femme de la bourgeoisie. Par exemple, on pouvait dire : « c’est Marie Chantal, c’est une cale-madame ! ».
Cat’chespele (jouer à) : Cette expression vient du flamand « katjespeel » (jeu de chat) et signifie jouer à cache-cache ou jouer au docteur.
Chaille est un mot qui désigne un voyou ou un malfrat.
Choler signifie flâner ou traîner dans les rues.
L’expression « Chasse-nèche » désigne un groupe de personnes en cirés bleus dont le rôle est d’écarter les lambins et les « touristes » pour laisser passer la bande. Le terme est dérivé de « chasse-neige ».